LA BATAILLE DE VASSINCOURT

LE CENTENAİRE DE LA GUERRE 14/18

LA BATAİLLE DE VASSİNCOURT (Meuse)

Où sont morts 1000 jeunes Français

Bar-le-Duc est sauvée !

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1ère Partie

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J’y étais baïonnette au fusil !

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           Pour marquer le centenaire de la guerre 14/18, à l’aide de mes archives, et de ma collection d’illustrations, je vais faire revivre cette période en utilisant des témoignages.

          L’intérêt de ces récits, c’est de laisser s’exprimer les auteurs sur ce qu’ils ont vécu en laissant transparaître leurs émotions.

          La peur, la mort...au cours de cette terrible guerre…

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        Cette période qui précède l’année 1914 est marquée par des conflits sociaux, et par l’angoisse des guerres comme les BALKANS avec sept mois de conflit, ainsi qu’entre les Serbes et les Bulgares.

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          Alors que les incidents entre la France et l’Allemagne se multiplient, afin d’éviter tout conflit avec elle, l’ordre est donné à l’Armée Française de se tenir en retrait, c’est-à-dire à dix kilomètres de la frontière.

Le début de la guerre 14/18.

Le dimanche 02 août 1914 :

          Mais cela n’empêche pas que ce dimanche, jour de la mobilisation générale en France, le Caporal André PEUGEOT et quatre militaires se trouvent à Jonchery, petit village situé à deux kilomètres de Delle (territoire de Belfort).

          Vers 10 heures, ils sont alertés par les cris d’une jeune fille :

         « Voilà les Prussiens ! Voilà les Prussiens ! ».

          Le Caporal aperçoit un Officier Allemand qui est suivi de quelques cavaliers et tente de les arrêter, alors que la France n’est pas encore en guerre ; celui-ci sort son révolver et par trois fois tire sur l’Officier Français.

          Malgré la gravité de sa blessure, le Caporal épaule son fusil et à son tour blesse mortellement l’Officier Allemand qui tombe de cheval et tous les deux décèdent.

          Ils seront déclarés « premières victimes de ce conflit » qui se terminera en 1918.

Le 03 août 1914 :

          L’Armée Allemande supérieure en nombre, par surprise viole le territoire Belge et déclare la guerre à la France.

         Au cours de ce mois, Français et Allemands s’affrontent autour de Verdun.

En septembre 1914 :

           Dès le 05 : le grand quartier général (GCG) donne l’ordre à l’Armée Française de passer à l’offensive.

          Français et Allemands se livrent à des combats sanglants.

La bataille de la Marne se déroule du 06 au 12 septembre 1914 :

          Sur un front qui s’étend sur 300 kilomètres qui va de Verdun à L’Ourcq, l’Armée Allemande marche sur Paris.

          La contre offensive dénommée, par le Général JOFFRE, la « Bataille de la Marne » est lancée le 06 septembre sur les trois cents kilomètres du front.

Les combats vont se succéder pendant six jours :

           Dans le département de la Meuse, ils vont être terribles.

Sur le plateau qui s’étend entre Rembercourt et la Vaux-Marie :

          - Se dérouleront des combats qui seront les plus acharnés.

La Vaux-Marie :

          Va devenir un point de résistance des plus importants dans cette partie du champ de bataille. On dénombrera plus de 10 000 morts.

Et puis le secteur de Revigny appelé :

          « La trouée de Revigny » avec notamment Vassincourt où les combats seront au corps à corps, comme nous allons le voir.

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Le Général JOFFRE –  Généralissime de l’Armée Française .Il est promu en 1911,

Chef d’Etat-Major Général. Il sera en 1914, le vainqueur de la bataille de la Marne.

          Malgré la situation très critique, Vassincourt ne doit pas tomber entre les mains de l’ennemi. Les soldats vont se surpasser. Un millier d’entre eux seront tués.

          De nombreuses communes seront détruites, notamment Revigny – Mognéville – Louppy sur Chée – Vassincourt, etc.

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Ci-dessus Revigny – la rue de Vitry.

Pour incendier les maisons :

          Les Allemands à l’aide de petites pompes à main, arroseront les murs des habitations de pétrole. Pour activer la combustion, ils jetteront dans les flammes des sachets de poudre ainsi que des baguettes de matière inflammable.

          Auparavant, ils prendront soin de procéder au pillage de toutes les habitations. De nombreux camions sont utilisés pour transporter les objets de valeur afin de les expédier sur l’arrière.

          Leur seul motif dirent-ils au prêtre de la commune de Revigny « c’est de répendre la terreur » C’est terrifiant… !

Vassincourt va servir de bouclier à Bar-le-Duc :

          C’est un coquet village du Barrois, perché sur une colline qui domine à la fois les vallées de la Saulx et de l’Ornain.

          Comme nous allons le voir avec ce témoignage, au cours de la bataille de la Marne, sa situation va être tragique, au cours de cette période du 06 au 12 septembre.

          Le village va être le théâtre de terribles et sanglants combats.

          Pas une seule habitation n’échappera à cette bataille. La mairie et l’école seront entièrement détruites. Quant à l’église, elle sera aussi victime de la barbarie de l’ennemi.

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L’entrée du village de Vassincourt, ce qui restera des habitations.

Comme nous le verrons :

          L’issue de cette bataille sera favorable à l’Armée Française, les Allemands prendront la poudre d’escampette, mais la guerre ne sera pas terminée pour autant.

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A VASSINCOURT, J'Y ÉTAIS :

Un soldat écrit à ses parents et raconte :

          « Voici quelques notes sur le terrible combat de Vassincourt. Voici quelques semaines qu il a eu lieu, je peux donc vous raconter quelques épisodes ».

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          « LA PRISE DU VILLAGE COMPREND DEUX COMBATS PRÉLIMINIARES ET QUATRE CHARGES SUCCESSIVES À LA BAÏONNETTE ».

« Nous arrivons à Bar » :

          « Et apprenons que les Allemands sont à 10 kilomètres. (NDLR de Bar-le-Duc). Nous avançons, sac au dos et arrivons de nuit à la ferme des Bouleaux ».

          « Le Général nous y attend, ma compagnie servira de couverture. Nous prenons position derrière les bâtiments ».

          « Une batterie de ‘’RIMAILHO’’ est là qui tire sur l’ennemi sans discontinuer. Aie…les marmites Allemandes nous accueillent, nous nous groupons et formons une sorte de carapace pour nous protéger ».

          « La ferme tremble. On se serre contre le long des murs. Trois sections sont désignées pour aller occuper le village de Beurey. Je pars et je deviens agent de liaison ».

          « Arrivés sur la crête, nous sommes accueillis par une fusillade. Je me couche. Avec ma pelle bêche, je fais un petit talus et calmement, je me mets à tirer sur les Allemands. Ils sont assez loin, ils reculent. Nous continuons à avancer et nous nous jetons dans un bosquet ».

           « L’ennemi tire sur nous, mais il continue à reculer. Aucune balle n’atteint sa cible. Je saute avec dix hommes dans une tranchée ennemie abandonnée ».

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L’agent de liaison :

Va de poste en poste transmettre les informations et coûte que coûte va remplir sa mission au péril de sa vie. Il égale en héroïsme le meilleur de ses camarades combattants.

           « Rapidement, nous ouvrons le feu. Le reste de la compagnie fait un mouvement tournant et pénètre dans le village. Nous prenons position quand un bruit de galop se rapproche de nous ».

          « Un peloton de Uhlans arrive sur nous à bride abattue. Ils ne sont pas malins, on a eu le temps d’utiliser nos armes. Ils font volte face et s’enfuient en laissant sur place dix morts et huit blessés ».

           « Nous ne bougeons plus, le soir un régiment vient nous relever ».

Le lendemain, les combats se poursuivent.

          « Nous réussissons à déloger l’ennemi et nous sommes félicités par le Général ».

<< C’est le début de l’attaque du village de Vassincourt >>.

 « 1ère charge » :

          « Nous nous préparons au combat ».

<< Sections par quatre, baïonnette au canon ! ».

          « En avant…vive la France ! ».

         « Les clairons et tambours battent et sonnent avec furie. La Marseillaise retentit ».

        « Nous sommes fous ».

        « Nous fonçons tête baissée. Les Prussiens font feu et de notre côté, nombreuses sont les victimes ».

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          « Serrez les rangs, mes fils ! s’écrie le Commandant ».

         « Le clairon, juste devant moi, est tué net, d’une balle au front et tombe à mes pieds. Je trébuche sur son corps. Je me relève et je reprends ma place à la tête des hommes ».

<< Nous sommes au corps à corps >>.

        « Un Allemand que je bloque contre un mur, réagit avec beaucoup de courage. Il lance sa baïonnette en direction de ma poitrine. Je saute sur le côté, elle n’atteint pas son objectif, c’est moi ou lui. Je réagis, il pousse un cri et s’écroule ».

       « Au même moment, un Officier Prussien qui n’avait qu’un révolver pour toute arme, se jette sur moi et me bloque. A deux reprises, il décharge son arme sur moi. Il est plus grand, les balles passent au-dessus de ma tête. Je fais semblant d’utiliser une baïonnette et j’appuie sur la détente nerveusement ».

       « Je ne me contrôle plus. La balle l’a atteint au menton, il tombe en disant en Allemand » :

       « Mon Dieu ! Oh ! Chère Mère ! ».

       « J’ai vu la mort de près. Je me ressaisis rapidement, le clairon sonne la retraite. Les Allemands en nombre, s’avancent vers nous en poussant des cris de sauvage ».

       « Je rejoins ma section et nous traversons rapidement l’espace découvert, tandis que les Prussiens ouvrent le feu ».

       « Le clairon nous rassemble. « vaincre ou mourir » nous crie le Général. On exige de nous le sacrifice, c’est bien ».

« La 2ème charge » :

« En avant, à la baïonnette ».

« Nous repartons au combat » :

         « La plupart de mes camarades sont blessés. Les balles sifflent autour de nous. Il y a au minimum dix mitrailleuses qui nous arrosent. C’est le moment où les Allemands veulent nous anéantir en nous chargeant. Ils s’imaginent sonner la retraite Française. C’est le contraire qui se produit. Ils ne font que redoubler notre rage de vaincre ».

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« Le Capitaine, blessé, tombe ; il gémit » :

« Vengez-moi ! ».

          « Malgré les morts autour de nous, nous délogeons l’ennemi, mais nous sommes obligés de battre en retraite. Ceux qui sont sur les toits des habitations, nous jettent des briques, des cheminées entières. Ils ont installés des mitrailleuses ».

        « Il y a un moment où je me retrouve seul, je longe les murs en courant. J’ai les larmes aux yeux et j’ai un moment de désespoir ».

       « Alors que je sors du village, je rencontre un Officier chasseur alpin. Lui, ne semble pas dépressif, béret enfoncé jusqu’aux yeux, révolver à la main, sabre dans l’autre ».

« Suis-moi, mon petit, me crie-t-il ».

       « A ce moment, je me croyais perdu. Nous n’avons plus le temps de nous sauver, on nous tire dessus ».

     « Nous nous réfugions derrière une batteuse. Le Lieutenant me parle de sa jeune femme et de son bébé. Quant à moi, je lui parle de vous (NDLR de ses parents). On tire à toute volée, les balles ricochent contre les murs ».

« Je sens une vive douleur au cou et mon képi tombe » :

         « La balle a touché la visière de mon képi et a glissé le long des cheveux en me brûlant légèrement. La douleur au cou vient du frottement provoqué par l’arrachement de ma jugulaire ».

        « Nous restons neuf heures dans cette position en surveillant tout autour de nous afin de ne pas être surpris par une attaque. A la nuit, nous quittons cet endroit et regagnons le camp français. Ne me voyant pas revenir, mes camarades me croyaient mort ».

 « La 3ème charge » :

« Elle est terrible encore ! ».

       « Elle se passe à une heure du matin. C’est lugubre. On ne voit que les lueurs des canons de fusil en action, et ces hurlements des blessés nous terrifient. Cela tire de partout. C’est horrible. Nous nous jetons à terre. Le bruit est tel que c’est à devenir sourd. Tout en utilisant notre fusil, nous avançons en rampant. Nous sommes exténués, abrutis ».

      « Sans crier gare, le Commandant se redresse et nous entraîne une nouvelle fois au combat à la baïonnette ».

     « Le drapeau est juste devant moi. Cela me donne du courage. Nous fonçons, tête en avant ».

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          « C’est un combat terrible. Les Allemands se réfugient dans ce qui reste des habitations, ils s’abritent partout ».

        « Ce ne sont que des cris de blessés ».

« A moi, j’ai mal ! Maman ; à boire ! ».

       « Que c’est dur à entendre. Nous avons une boule au ventre ».

      « Sous les balles, les brancardiers, relèvent rapidement les blessés ».

     « Malgré ce que nous vivons, nous courrons. Sus à l’ennemi, qui fuit, c’est la déroute Allemande ».

    « Ils abandonnent tout, sacs de provisions, bouteilles de champagne volées. Nous les buvons à leur santé. C’est nous qui les vidons et cela leur donne la force de déguerpir ».

« La 4ème charge » :

    « L’ennemi, voyant que notre artillerie se place en première ligne ; ils veulent s’en saisir. La colline est noire d’Allemands qui reviennent à la charge en hurlant. C’est impressionnant. Ils chantent. Vont-ils nous anéantir ? Ils tirent tout en courant ».

Notre Capitaine s’écrie :

      « Vous nous envoyez de la camelote Allemande, nous allons vous envoyer des articles de Paris ».

     « Une balle l’atteint, il est tué ».

    « Notre canon de 75 tiré à deux cents mètres devant nous, les Allemands sont nombreux. Ils s’arrêtent de tirer et on entend » :

« A nous ! En avant ! ».

    « Chasseurs alpins, génie, fantassins, artilleurs, nous sommes mélangés. Tous chargent. A la vue de nos baïonnettes, l’ennemi est effrayé, c’est plus terrible que le canon ».

   « Ils ont disparu de notre champ de vision. Dans un sursaut leurs obus tombent autour de nous. Nous nous couchons à terre, les sacs sur la tête pour nous protéger ».

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          « Et puis, c’est le silence ; ils battent en retraite et cette boucherie est terminée ».

 

Christian BOULAY

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(Suite 2ème partie : « Bar-le-Duc et Verdun sont sauvées »).

 

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