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C.B a sauvé de la découpe - 2 -

CHRİSTİAN BOULAY

A SAUVÉ DE LA DÉCOUPE

AUX CHALUMEAUX

LA LOCOMOTİVE « SUZANNE »

(La dernière survivante du réseau ferré à voie métrique dénommé le « Meusien »)

ET LA FAİTE RAPATRİER A BAR-LE-DUC(Meuse).

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(Suite 2 et fin)

 Christian est ému par ce qu’il vient de lire dans le revue ‘’ Voie Etroite ‘’.

Il n’a qu’une idée en tête : SAUVER ce qui peut encore l’être !

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 Il se rend à Saint-Valéry sur Somme :

 Sans rien dire à personne, profitant d’un week-end, il se rend sur place à Saint Valéry, localité de 3 410 habitants, située à 350 kilomètres de Bar-le-Duc. Ce qui fait tout de même un aller retour de 700 kilomètres, avec les frais bien sûr à sa charge !

 Sur un terrain vague envahi par les herbes hautes, Christian découvre plusieurs locomotives alignées, cachées en partie par la végétation. Il prend alors des photos et souhaite s’assurer de l’origine de la dernière survivante du Meusien.

 A Bar-le-Duc :

 Une fois de retour à Bar-le-Duc, dans le but de compléter ses travaux afin d’établir un dossier et par la suite, si tout fonctionne comme il en a le souhait, il désirerait écrire des articles pour sensibiliser la presse ainsi que ses lecteurs. Il se rend alors aux Archives de la Meuse afin d’effectuer des recherches, pendant ses heures de repas entre 12h15 et 13h45 mais aussi pendant ses jours de repos et de congés.

 A Saint-Valéry sur Somme :

 Il profite d’un autre week-end pour retourner une seconde fois dans la Somme, toujours à ses frais, en ayant pris soin de prendre rendez-vous avec le propriétaire. Il le rencontre et visite l’endroit où sont stationnées les locomotives. Il en profite pour faire de nouvelles photos et Monsieur VAILLANT lui explique pourquoi ces machines sont exposées à cet endroit :

 « Réquisitionnées au cours de la seconde guerre mondiale, transportées par les Allemands en 1941 et amenées dans la Somme, elles étaient une dizaine à acheminer des galets, pour construire le mur de l’Atlantique ».

 Et il lui explique la situation et discute sur les conditions de vente.

 A Bar-le-Duc :

Un peu plus tard, Christian réunissait tous les éléments pour mener à bien le programme qu’il s’était fixé. Il lui restait à convaincre Pierre DUMÉNIL, son patron, le Président de l’office de Tourisme/Syndicat d’Initiative. Convaincu, il lui demande de convoquer les Membres du bureau de l’Association afin d’avoir leur avis sur le bien fondé de ce projet.

 Au cours de cette réunion, était présent Christian NAMY, qui fut Président du Conseil Général de la Meuse. Après l’exposé des faits par Pierre DUMÉNIL, Christian BOULAY proposa que la locomotive stationne près de la halle marchandise de la gare Meusienne, lieu bien connu de la locomotive !

 « Il explique qu’elle était chargée d’Histoire, en particulier en 1916, au cours de la bataille de Verdun. Et puis cette anecdote : les réfugiés montaient dans les wagons, ce que fit l’Evêque de Verdun, pour rejoindre Bar-le-Duc par la gare du Meusien. Ils étaient accueillis par un Comité avec à sa tête Pol CHEVALIER, qui fut Maire de Bar-le-Duc, Conseiller Général, Sénateur de la Meuse, etc ».

 Après avoir obtenu l’aval du Président et des Membres du bureau, dans la foulée Christian obtient l’autorisation de la Direction Départementale de l’Equipement (DDE) qui est propriétaire de l’ancienne gare Meusienne. Ensuite, il demande des devis afin que soient chiffrés tous les frais de rapatriement de la loco. Il contacte aussi M. VAILLANT, le ferrailleur propriétaire des locomotives afin de prendre rendez-vous avec lui dans le but de faire l’acquisition de la dernière survivante du Meusien.

A Saint-Valéry sur Somme :

 Une fois que tout est en place, Christian y retrouve Pierre DUMÉNIL. Ils sont accueillis par M. VAILLANT qui les reçoit chez lui et c’est la surprise…….car ils découvrent dans un hangar la caverne d’Ali Baba ! Des vélos, des voitures anciennes, des avions……Ils sont éblouis par toutes ces pièces de collection. Mais très vite, ils se reprennent car il faut passer à cette chose sérieuse : l’achat de « Suzanne » ! Une fois leur achat effectué, ils rentrent tout heureux à Bar-le-Duc.

 Mais il restait une nouvelle étape pour Christian BOULAY : trouver des dates pour le rapatriement, le chargement, le transport, le déchargement de « Suzanne » ! Et ce n’était pas une mince affaire de tout coordonner à Saint Valéry ainsi qu’à Bar-le-Duc !

 C’est donc le dernier déplacement à Saint Valéry sur Somme pour une étape importante. Sur place Christian BOULAY retrouve Pierre DUMÉNIL, une vingtaine de personnes ainsi que la presse. Ils sont venus pour assister aux opérations de chargement. Christian craignait les imprévus : aucun moyen de transport ne pouvait accéder auprès de « Suzanne ». Par conséquent, il fallait qu’elle emprunte la « Voie du chemin de fer de la Baie de Somme », située à proximité.

 Ce 21 avril 1981, à 10 heures du matin, une grue soulève la dernière survivante de la Compagnie Meusienne des Chemins de fer et la dépose sur la voie métrique qui passe à proximité du dépôt de ferrailles.

 Après un graissage minutieux, elle est tractée par une motrice du chemin de fer de la Baie de Somme. Après trente cinq ans d’inactivité, elle reprend pour quelques instants du service. Mais, arrivée dans une courbe, au passage à niveau de Saint Valéry sur Somme, elle sort des rails. La circulation routière est interrompue une trentaine de minutes puis tout rentra dans l’ordre. Et comme si de rien n’était, arrivée en gare de  Saint Valéry Canal où l’attendait un wagon de la Compagnie Meusienne, dont sa plaque d’origine atteste qu’il date de 1892.

 L’arrivée à Bar-le-Duc :

 Le wagon et la locomotive étaient chargés sur un wagon plat et arrivèrent à la gare de Bar-le-Duc, devant des Meusiens émus et conquis mais aussi devant la presse écrite, audiovisuelle. L’opération de déchargement fut moins délicate qu’à Saint Valéry mais entraîna de multiples manœuvres. « Suzanne » retrouvait enfin sa gare Meusienne !

 Dans l’assistance, un homme fut encore plus ému que les autres témoins. C’est Monsieur GOBIN, l’un des derniers conducteurs de la Compagnie Meusienne des chemins de fer. Christian avait pris soin de l’inviter. Questionné par un journaliste, il racontait avec émotion des anecdotes et principalement ce qu’il avait vécu aux commandes d’une de ces locomotives.

 Après cette journée qui marqua une époque, une nouvelle étape venait d’être franchie ! Mais il y avait encore beaucoup à faire et Christian n’était pas au bout de ses peines.

 Comme nous l’avons déjà signalé, l’Office de Tourisme/Syndicat d’Initiative disposait de peu de moyens. Cependant, Christian, toujours plein d’idées nouvelles, réalisait en même temps un projet de cartes postales de collection et lançait dans la presse nationale une souscription nationale pour la vente de celles-ci ; comme nous allons le voir, en peu de temps, les frais engagés dans l’achat de la locomotive furent remboursés !

 La priorité suivante était de faire classer « Suzanne ». Pierre DUMÉNIL et Christian BOULAY envisageaient alors qu’une fois restaurée, « Suzanne » devait être placée sous abri, sur une aire de stationnement de la « Voie Sacrée » et à ses côtés, serait aménagée une exposition consacrée aux moyens de transport au cours de la bataille de Verdun en 1916.

 Le conseil d’administration appréciant le travail fait par Christian BOULAY créait un poste de secrétaire à mi-temps afin de l’épauler.

 Christian BOULAY est certainement le passionné

Qui a dépensé le plus d’argent dans cette affaire

Pour le sauvetage de « Suzanne »………sans compter son énergie.

 Quelques échos relevés dans la presse :

 Sous ce titre :

 « Suzanne » la locomotive

Bientôt de retour

Après quarante ans d’absence.

 Il est écrit :

 « Monsieur Christian BOULAY, secrétaire de l’Office de Tourisme/Syndicat d’Initiative, en fut informé et le S.I remua ciel et terre pour que « Suzanne » rentre au bercail ».

 Et puis, quelques semaines plus tard :

Nous relevons sous ce titre :

 « Une vieille ‘’ loco du Varinot ‘’ achetée par le Syndicat d’Initiative ».

 Ceci :

 « Elle attendait, au milieu d’un tas de ferrailles, sa dissection au chalumeau ».

 « Dernière survivante des machines à vapeur du ‘’ P’tit Varinot ‘’ « Marguerite » son nom officiel était vouée à l’oubli et à la destruction ».

 « Alerté par un heureux concours de circonstance, le Syndicat d’Initiative de Bar-le-Duc a décidé de sauver ce vestige émouvant qui appartient à l’histoire et au patrimoine de la Meuse ».

 « Après une carrière bien remplie, la vieille « Loco » avait été rachetée par un récupérateur de la Somme, et rongée par la rouille, elle attendait dans l’oubli général ; le jour où elle devait être découpée en menus morceaux ».

 « Mais « Marguerite » ne finira pas ses jours dans une fonderie, le Syndicat d’Initiative alerte par son dynamique secrétaire M. Christian BOULAY a décidé de sauver cette vieille locomotive ».

POURQUOI « MARGUERITE » EST-ELLE CITÉE ?

 Au début de cette découverte, nous pensions que cette locomotive était dénommée « Marguerite ».

 La raison :

 Deux exemplaires dénommées ‘’ Suzanne numéro 26 et Marguerite 27 ‘’ (prénoms des filles de Charles VARINOT) furent livrés à Revigny en décembre 1890 et janvier 1891. Après des recherches, en réalité la locomotive sauvée est ‘’ Suzanne ‘’.

 LA REVUE ‘’ VOIE ÉTROITE ‘’ SE FÉLICITE DE CE SAUVETAGE EN ÉCRIVANT SOUS CE TITRE :

 « Sauvetage d’une locomotive du ‘’ Meusien ‘’ ou ‘’ Suzanne ‘’

 retourne dans la Meuse ».

 « A la suite de l’article de notre collaborateur René DELLEAUX………notre membre G. PÉRÈVE avait transmis une photo d’une 031 T du Meusien entreposée chez les ETS VAILLANT, ferrailleur à Saint Valéry sur Somme ».

 « Ce document a permis à plusieurs amateurs d’envisager un sauvetage et de rendre visite à la machine ».

 « M. Christian BOULAY se portait acquéreur en juillet dernier, au nom du Syndicat d’Initiative de Bar-le-Duc ».

 « Le transport vient de s’effectuer, ce 21 avril, en même temps que celui d’un tombereau, à essieux ayant lui aussi circulé sur le Meusien et qui se trouvait pour sa part sur le réseau du Chemin de Fer de la Baie de Somme (CFBS).

« L’ensemble sera probablement exposé en ‘’ monument ‘’ à Bar-le-Duc ».

 « La revue ‘’ Voie Étroite ‘’ est heureuse d’être, indirectement à l’origine de cette opération de sauvetage Meusien et nous espérons que le ferrailleur, qui est loin d’être le perdant de l’affaire, prendra au moins un abonnement à VE à titre de remerciement ».

 « Rappelons que cette O31 T a été construite en 1890 par les ETS CORPET, à l’occasion d’une petite série délivrée en décembre 1890/janvier 1891 à Revigny en même temps qu’une consoeur identique (elles auraient été baptisées ‘’ Marguerite et Suzanne ‘’… ».

 « Elle roule sur la ligne Revigny – Triaucourt de M. Varinot. Cette ligne fut par la suite intégrée au réseau qui constitue le ‘’ Meusien ‘’, lequel ravitailla Verdun en 1916 avec le succès que l’on sait ».

 « Ce sont les Allemands de l’organisation TODT qui l’amenèrent dans la Somme, durant la 2ème guerre, afin de participer à la construction du ‘’ Mur de l’Atlantique ‘’. Son rôle fut alors de tirer des trains de galets entre Ault et Lanchères, une voie métrique ayant été posée sur la route ».

 QUELQUES ANNÉES PLUS TARD :

EN 1991, LA LOCOMOTIVE ET SON WAGON ÉTAIENT CLASSÉS ‘’ MONUMENTS HISTORIQUES ‘’ PAR LA HAUTE COMMISSION DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DU MINISTÈRE DES AFFAIRES CULTURELLES.

Christian qui a quitté Bar-le-Duc depuis plusieurs années, apprend qu’une journaliste cherche à le joindre. Ce qu’elle arrive à faire et Laurence DELPOUX puisque c’est d’elle qu’il s’agit tente de le convaincre de la rencontrer. Ce qu’il avait refusé, pour lui, il a tiré un trait sur cette période, et il ne souhaite plus en entendre parler.

 Après l’avoir convaincu, elle l’invite à déjeuner à Paris puisque c’est son lieu de résidence.

 Elle lui apprend que la locomotive a été classée, et qu’elle souhaite écrire un article la concernant dans son journal ‘’ France Soir  ‘’ etc. Ensuite elle s’est rendue à Bar-le-Duc.

 Quelques jours plus tard :

 Une page entière est consacrée à ‘’ Suzanne ‘’ qui a pour titre :

« Une loco classée monument historique ».

 Qui est suivi par ceci :

« On pourrait raconter les aventures de « Suzanne » pourquoi pas, dans un manuel scolaire d’histoire, l’émotion en plus ; la vie tumultueuse et déchirée d’une brave et courageuse locomotive qui traverse en sifflant la campagne et le temps ».

 « Les écoliers auraient sûrement pleurés sur le sort du « p’tit train » si son destin n’avait échappé au pire : l’oubli ».

 « Le 10 juin dernier, le Ministère de la Culture classe ‘’ Suzanne ‘’ monument historique, marquant ainsi la volonté de sauvegarder le patrimoine industriel Français ».

 Et puis sous ce titre :

 « Fou amoureux d’une belle en dentelles ! ».

 Ceci :

 « Les dessous de la maîtresse de Christian BOULAY sont bien rouillés, etc ».

 « …..Christian BOULAY et le Président d’alors, Pierre DUMÉNIL, comprennent là où les autres ne voient qu’un tas de ferrailles que ‘’ Suzanne ‘’ appartient au patrimoine Meusien au même titre que les traditionnelles épépineuses de groseilles….. ou le nom de POINCARÉ, Barisien célèbre, élu Président de la République en 1913, etc ».

 « …….Christian BOULAY projette de l’exposer sous verre une fois restaurée, etc ».

 Cet article est illustré par trois photos dont la carte postale réalisée par Christian BOULAY. Elles ont pour légende :

 « A peine sortie de l’adolescence, ‘’ Suzanne ‘’ est, au début de ce siècle, l’une des dix sept locomotives du réseau Meusien. La voici en gare de Rembercourt aux pots (en haut) ».

 « Aujourd’hui elle attend, à Bar-le-Duc, etc. Il y a une dizaine d’années, une carte postale évoquant sa longue carrière a été mise en vente par les animateurs de la campagne en sa faveur (en bas à droite) ».

 La carte postale reproduite dans cet article, a été réalisée par Christian BOULAY, comme nous allons le voir dans un autre paragraphe.

 AUJOURD’HUI, CHRISTIAN BOULAY REGRETTE DE S’ÊTRE DONNÉ TOUT CE MAL POUR FAIRE RAPATRIER CETTE LOCOMOTIVE A BAR-LE-DUC.

 Mais, arrivé à saturation, avec de fortes tensions accumulées, il démissionne de l’Office de Tourisme/Syndicat d’Initiative.

 Par la suite, Christian quittera Bar-le-Duc pour fuir cette mentalité qui ne lui convenait pas et qui n’a hélas, que peu évoluée en quarante ans.

 Aujourd’hui, que reste-t-il de cette locomotive historique ?

 Les roues, le châssis, et quelques menus détails mais ni le cœur, ni les poumons ne sont d’origine.

 Sérieusement, ce n’est pas avec ces quelques pièces restantes que « Suzanne » aurait pu tracter les wagons ravitaillant en 1916 le front de Verdun !

 Elle a été classée ‘’ Monument historique ‘’ avant les travaux.

 Les deux Présidents des associations répètent partout et notamment dans la presse écrite (qui lui a consacré plus d’une centaine d’articles) ainsi que visuelle que « Suzanne » :

 « A plus de cent ans, qu’elle a circulé sur la ligne Bar/Verdun et vice-versa en 1916 ».

 Ce qui est faux et nous le démontrerons sur ce site dans un prochain article qui sera titré :

 « Le scandale de la locomotive « Suzanne » dernière survivante du réseau ferré à voie étroite » dénommé le ‘’ Meusien ‘’.

 ‘’ Suzanne ‘’ a disparu pour laisser la place à ‘’Suzanne Bis ‘’.

 (A suivre :

Une carte postale vendue au profit de « Suzanne »).

 Hubert CHARTIER

Ancien Chef d’entreprise.

 

 

 

 

 

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