Dénomination de "Voie Sacrée".

A QUI DEVONS-NOUS CETTE DÉNOMINATION

DE «  VOIE SACRÉE ? »

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 Texte inédit déposé

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Un Scoop :

 On attribue à l’Académicien Maurice BARRÉS, journaliste, écrivain (1862-1923) le mérite d’avoir donné le nom de « Voie Sacrée » à la route Bar-le-Duc/Moulin-Brûlé (Verdun).

 C’est cependant une erreur et celle-ci est reprise sans cesse par des historiens, écrivains, hommes politiques, journalistes, etc ; je vais le démontrer.

 J’ai effectué de longues recherches, afin de savoir dans quelles circonstances Maurice BARRÈS aurait employé ce terme pour la première fois. Au cours de cette Première guerre mondiale, nombreux sont les écrivains, les journalistes, les artistes qui se rendent sur le front en passant par Bar-le-Duc. Leur rôle étant de rassurer l’opinion publique à l’aide d’articles, de dessins, etc.

 La petite histoire :

Au cours de la bataille de Verdun, Monsieur Maurice BARRÈS, « le plus grand écrivain Français », dit-on, arrive en gare de Bar-le-Duc, accompagné de M. ROMANOS, Ministre de la Grèce et du Prince DE BEARN, leur but étant de se rendre à Verdun et dans ses environs, afin de « prendre la température » sans toutefois prendre trop de risques. Ils sont logés au château de Marbeaumont, situé à Bar-le-Duc, pour se retrouver le lendemain dans le secteur de Verdun.

 Après quelques heures passées dans la Meuse :

 C’est au cours d’une visite sur le front de la bataille de Verdun, après avoir emprunté cette route stratégique, de retour à Bar-le-Duc, le soir dans sa chambre, que Maurice BARRÈS écrit ses articles et trois d’entre eux paraissent dans l’Echo de Paris. Le premier, s’intitule « Les fleurs de Verdun ». Le second paraît sous le titre « La route Sacrée » dont huit lignes sont censurées. Le troisième est intitulé « Sous le ciel de Verdun ».

 Quelques jours, avant son départ pour Verdun, un article signé par Victor CAMBON, paraît dans son journal dont le thème « Le Tourisme Américain » est titré « La Voie Sacrée.

 Or, Maurice BARRÈS a titré un de ses articles « Route Sacrée », il n’allait pas reprendre celui écrit par un de ses confrères « Voie Sacrée ».

 « Route Sacrée » n’est pas la « Voie Sacrée ».

 Quelques mois plus tard, dans un journal étranger, Monsieur E. TEMPLE THIERSON propose :

 « ……..la construction d’une « Voie Sacrée » qui serait tracée à travers les départements dévastés du Nord de la France. Cette avenue du souvenir, bordée de bois où seraient entretenues pieusement les tombes de nos morts, rappellerait à jamais les crimes des Allemands ».

 Quelques années plus tard, dans un quotidien étranger est publiée sous la signature de Camille MAYRAN, un article titré une « Lettre à une Américaine » dont la première partie est consacrée à Verdun. Nous lisons :

 « Nous suivons la route de Bar-le-Duc, c’est encore la « Voie Sacrée ». Cette route était la seule praticable pendant les grandes batailles de 1916…. ».

 Dans l’Echo de Paris, un autre article qui lui, est signé par Franc NOHAIN, dont le titre « La Voie Sacrée » évoque le chemin des Dames.

 Après Camille MAYRAN, c’est au tour de Paul HEUZÉ, Officier du train de dénommer la route Bar-le-Duc/Verdun « Voie Sacrée ». Il raconte ce qu’il a vécu, entendu, vu…..sur cette route, dans un petit livre d’une centaine de pages et intitulé :

 LA VOIE SACRÉE

LE SERVICE AUTOMOBILE A VERDUN

(FEVRIER – AOÛT 1916).

 Pour ce titre, la « Voie Sacrée », Paul HEUZÉ s’est-il inspiré de cet article paru dans l’Echo de Paris, alors que cet ouvrage est paru quelques mois plus tard.

 L’erreur d’attribuer à Maurice BARRÉS cette dénomination, vient du fait que le 21 août 1922, lors de l’inauguration de la « Voie Sacrée », Raymond POINCARÉ a déclaré :

 « La Voie Sacrée c’est, je crois, Maurice BARRÉS qui a trouvé cette pieuse dénomination pour désigner la route illustre où sont passés, pendant la longue bataille de Verdun, tant d’héroïques enfants de la France ».

 Et voilà, pourquoi, depuis plus de quatre vingt dix ans, l’erreur est reprise par tous ceux qui parlent ou écrivent sur le sujet.

  Christian BOULAY

 

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